Médusés, c’est le mot, nous étions médusés lorsque nous nous sommes retrouvés sur le parking de Plasmolen à 10h sonnantes, il tombait des cordes, fait exceptionnel un jour de marche de Nimègue Accueil. Les plus optimistes prédirent que la pluie cesserait vers 10h30, d’autres plus réalistes vers 11h30, finalement c’est vers 11h15 que le soleil est apparu.
Notre guide ,Violette, nous dévoila les raisons de la popularité de Plasmolen ; Plasmolen avec Molenhoek , Middelaar et Mook est une des 4 aglomérations qui forment la commune de Mook-Middelaar .
Plasmolen se trouve au pied du rebord morainique qui s’étend de Nimègue à Gennep sur une vingtaine de kilomètres , formant avec la Meuse une plaine marécageuse .
Déjà les Romains s’y installèrent en construisant sur le flanc du St Jansberg leur plus grande villa des Pays-Bas; aujourd’hui seule l’enceinte marquée par de blocs de pierre au sol et une charpente métallique donne ses dimensions et impressionne par sa taille. Un pont romain reliant la rive de Middelaar à celle de Cuijk , de l’autre côté de la Meuse, très vite détruit après le départ des Romains, est encore de nos jours remplacé par un simple bac .
Piquant détail de l’histoire, les troupes françaises enrôlées lors de la fameuse guerre des 80 ans (tachtig-jarige oorlog ) dressèrent leur camp militaire sur la plaine entre la Meuse et la colline, c’est à dire derrière le jardin de notre guide qui se plaît à imaginer que des compatriotes ont alors séjourné dans son jardin.
L’histoire dit aussi que quelques siècles après la bataille du “Slag op de Mookerheide” , Kiste Trui , habitante du village, creusa et retrourna le sol de la commune durant toute sa vie pour y retrouver un soi-disant trésor que Lodewijk en Hendrik van Nassau y auraient enfoui; de nos jours la statue de Kiste Trui orne la place de la mairie de Mook.
La terre du marécage a été retirée pour fabriquer des briques dans la fabrique de Milsbeek, et petit à petit le marécage s’est transformé en plan d’eau; l’aménagement fut terminé dans les années 80; la Mookerplas ( ce sera la nom) offrant ainsi aux habitants de la région un magnifique lac et un village de loisir. Puis, le camping et les deux ports de plaisance El Dorado, et De Driessen, les divers restaurants et les maisons de vacances en font de nos jours un endroit particulièrement recherché par les grands et les petits.
Il pleuvait toujours à verse ; armés de bonnet, gants et parapluies nous sommes partis à la découverte de ce coin de rêves. Le parapluie de Sabijn au pourtour dentelé, acheté lors d’une visite au fantastique Cirque du Soleil, battait le record de l’originalité .
Après avoir traversé la nationale 271, nous sommes entrés dans la forêt où les arbres centenaires dénudés tendaient leurs bras maigres et tordus vers le ciel gris. Leurs troncs noirâtres contrastraient avec le roux des feuilles mortes apportant une note poétique.
Au loin au creux du chemin nous apercevions la fameuse “ Groene Water”, petit bassin dont les eaux sont vertes toute l’année. Lucile nous donna une théorie sur cette couleur verte , hélas pas confirmée par notre agronome Hans.
Cette “eau verte” inspira les peintres du début du 20e siècle qui, comme ceux de France, partirent à l’extérieur vers la nature et créèrent diverses écoles. En France la fameuse École de Barbizon, ici la colonie “Kunstenaars kolonie Plasmolen”. Parmi ces peintres Dirk Ocker et Jacques van Mourik, une centaine de toiles de ce dernier sont exposées à la mairie de Mook-Middelaar.
Le petit cours d’eau qui découle de la “Groene Water” nous mèna au moulin qu’il alimente ; ce moulin fut construit au XVIIe siècle pour la fabrication du papier et plus tard pour moudre le grain.
Et, sur la gauche sur le flanc de la colline de 79 mètres , nous apercevions les contours de la villa romaine. Quelques intrépides bravèrent les dangers de la glissade et montèrent au sommet sans crainte d’une descente périlleuse, finalement tout se passa bien.
Alors, sortis du bois, nous avons retraversé la nationale 271 pour découvrir la “Mookerplas” bordée au loin par les bateaux de plaisance dont les couleurs vives s’allumaient sous les rayons du soleil.
Au fait, quelle heure était-il ? qui avait eu raison ? il était 11h15, les réalistes avaient prévu le soleil pour 11h30, nous venions de gagner un quart d’heure de douceur printanière.
Comme, nous avions déjà marché depuis plusieurs kilomètres , certains s’interrogeaient sur la faisabilité du tour du lac c’est à dire 5 kilomètres de plus.
Mais pas question d’abondonner , il faisait trop beau et le paysage était trop attrayant.
En passant devant une nouvelle construction jaune ocre, nous nous interrogions sur le nom de cette cafétaria , centre de loisirs nautiques : “Dushi”?; certains savouraient déjà de délicieux sushis, mais que nenni, Dushi est un mot qui vient de Curaçao et qui veut dire “chéri”, donc aucun rapport gastronomique.
Après avoir longé le port de plaisance El Dorado sur le Witteweg, nous sommes arrivés au bowling ”Het Zuiden” à Plasmolen où nous avions réservé une table.
La marche de 8 kilomètres ayant avivé notre appétit, c’est sans nous faire prier que nous avons oublié que nous étions dans un centre de sport et que nous avons dégusté la seule proposition de la carte, régime sportif oblige, une tarte aux pommes faite maison.
Finalement en rejoignant nos voitures, nous constations qu’ une fois encore la marche se terminait sur un soleil radieux.